Le monde selon Garp by Irving John

Le monde selon Garp by Irving John

Auteur:Irving, John [Irving, John]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Américaine
Éditeur: Van GobSeck - TAZ
Publié: 1980-01-24T23:00:00+00:00


Michael Milton était en troisième année de maîtrise et se spécialisait en littérature comparée ; il avait fait des études de français à Yale, où il avait décroché sa licence, mais avec des résultats très quelconques ; il était auparavant passé par Steering, bien qu’il affectât de minimiser ses années d’école préparatoire. Dès qu’il savait que les gens savaient qu’il était passé par Yale, il tendait à minimiser le fait, mais jamais il ne minimisait l’année qu’il avait passée à l’étranger – en France. A écouter Michael Milton, qui s’arrangeait pour donner l’impression qu’il avait passé toute son adolescence en France, jamais on n’aurait deviné qu’il n’avait séjourné qu’une seule année en Europe. Il avait vingt-cinq ans.

Malgré la brièveté de son séjour en Europe, on aurait dit qu’il s’y était monté une garde-robe destinée à lui durer jusqu’à la fin de ses jours : ses vestes de tweed avaient de larges revers, ses pantalons étaient évasés, et les vestes comme les pantalons étaient d’une coupe choisie pour flatter les hanches et la taille ; le style de vêtement que, déjà du temps où Garp était à Steering, tout le monde qualifiait de « continental ». Les cols de chemise de Michael Milton, qu’il portait largement ouverts (avec toujours deux boutons défaits), étaient flous et larges, avec une touche vaguement Renaissance : le tout suggérant à la fois le goût du laisser-aller et un raffinement suprême.

Il était aussi différent de Garp qu’une autruche l’est d’un phoque. Une fois vêtu, Michael Milton avait un corps gracieux ; dévêtu, c’était, de tous les animaux de la création, au héron qu’il ressemblait le plus. Il était mince et plutôt grand, avec une voussure que dissimulaient ses vestes de tweed. Il avait un corps en forme de cintre – le corps idéal pour y accrocher des vêtements. Nu, c’était à peine s’il avait un corps.

En tout point ou presque, il était l’opposé de Garp, à une exception près pourtant : Michael Milton avait en commun avec Garp une énorme assurance ; il partageait avec Garp la vertu, ou le vice, de l’arrogance. Comme Garp, il débordait d’agressivité, cette agressivité que seuls peuvent se permettre ceux qui éprouvent une totale assurance en eux-mêmes. C’étaient ces mêmes qualités qui, chez Garp, bien longtemps auparavant, avaient d’emblée séduit Helen.

Et voici que quelqu’un possédait ces mêmes qualités, parées d’une défroque nouvelle ; elles se manifestaient d’une manière radicalement différente, mais Helen les reconnaissait pourtant. Elle ne trouvait d’ordinaire que peu de charme aux jeunes gens un peu trop musqués qui s’habillent et parlent comme si, après des années en Europe, ils se retrouvaient fatigués de la vie et tristement blasés, alors qu’en fait ils ont passé la majeure partie de leurs brèves existences dans le Connecticut à se vautrer sur la banquette arrière de leur voiture. Mais, par ailleurs, quand elle était jeune fille, Helen n’avait pas pour habitude de trouver du charme aux lutteurs. Helen aimait les hommes pleins d’assurance, à condition que leur assurance ne soit pas déplacée.



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